Guerre Israël-Hamas : un ministre incite les 2,3 millions habitants de Gaza à l'exil "vers des pays du monde entier"

  • Israël annonce avoir pris le contrôle d'une partie de la bande de Gaza.
    Israël annonce avoir pris le contrôle d'une partie de la bande de Gaza. MAXPPP - Rizek Abdeljawad
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Nicolas Drusian avec Reuters

"Je salue l'initiative d'émigration volontaire des Arabes de Gaza vers des pays du monde entier", a déclaré ce ministre israélien d'extrême droite.

Un ministre d'extrême droite du gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu a déclaré mardi 14 novembre 2023 que la bande de Gaza ne pourrait plus fonctionner en tant que territoire autonome. Il a invité ses 2,3 millions d'habitants à choisir l'exil dans des pays étrangers.

Bezalel Smotrich, ministre des Finances et dirigeant d'un parti nationaliste et religieux, a dit soutenir la tribune publiée par deux parlementaires israéliens dans le Wall Street Journal, dans laquelle ils invitent les pays occidentaux à accueillir les familles palestiniennes souhaitant émigrer. "Je salue l'initiative d'émigration volontaire des Arabes de Gaza vers des pays du monde entier", a déclaré Bezalel Smotrich, qui défend cette position de longue date, dans un communiqué.

"C'est la bonne solution humanitaire pour les habitants de Gaza et de toute la région après avoir vécu pendant 75 ans en tant que réfugiés, dans la pauvreté et sous la menace", affirme le dirigeant du Parti sioniste religieux. Faisant valoir que la bande de Gaza ne dispose d'aucune ressource naturelle pour fonctionner de manière autonome, il ajoute : "L'État d'Israël ne pourra plus accepter l'existence d'une entité indépendante à Gaza" après avoir éliminé le Hamas, objectif affiché du gouvernement israélien depuis l'attaque meurtrière menée par le groupe islamiste le 7 octobre dans le sud d'Israël.

Qui prendra le contrôle de la bande de Gaza ?

Ce n'est pas la première déclaration du genre d'un responsable israélien depuis ce jour noir dans l'histoire d'Israël, d'autres ayant suggéré que tous les Gazaouis soient transférés en Egypte ou dans d'autres pays arabes, plutôt que d'envisager la création d'un Etat palestinien. Benjamin Netanyahu est à la tête du gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël et s'appuie sur une coalition composée notamment de partis nationalistes et religieux qui encouragent la colonisation dans les territoires occupés. Nombre d'entre eux s'étaient opposés au retrait israélien de la bande de Gaza décidée par le Premier ministre Ariel Sharon en 2005, après 38 ans d'occupation.

Benjamin Netanyahu lui-même a affirmé qu'Israël conserverait le contrôle de la sécurité à Gaza pour une période indéterminée une fois l'opération militaire en cours terminée.

Les appels à un cessez-le-feu ignorés

Les appels internationaux à un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hamas depuis le 7 octobre sont restés lettre morte, alors que très peu d'aide humanitaire entre dans la bande de Gaza assiégée, et que les pénuries de nourriture, de carburant, d'eau potable et de médicaments s'aggravent.

La situation humanitaire à Gaza, étroite enclave de 2,3 millions d'habitants gouvernée par le Hamas, est jugée "catastrophique" par les Nations unies (Onu).

Le bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) évalue à plus de 1,5 million le nombre de "déplacés internes" dans le territoire, dont près de 800 000 personnes ayant trouvé refuge dans au moins 154 abris gérés par l'Onu. L'armée israélienne appelle les civils du nord de la bande de Gaza à se diriger vers sur le sud de l'enclave, longue d'environ 40 kilomètres et large d'une dizaine de kilomètres, pour leur propre sécurité via un "corridor" qu'elle dit sécuriser plusieurs heures par jour.

D'après les Nations unies, quelque 200 000 personnes ont gagné le sud de la bande de Gaza depuis le 5 novembre. Les abris de l'UNRWA - l'agence des Nations unies chargée de l'aide aux réfugiés palestiniens - dans le Sud sont surpeuplés et incapables d'accueillir de nouveaux arrivants, et de nombreuses personnes déplacées dorment dans les rues, à proximité des abris, selon l'OCHA.

L'UNRWA n'est plus en mesure de fournir de l'aide aux personnes déplacées dans le Nord, où Israël concentre l'essentiel de ses opérations militaires terrestres depuis le 27 octobre.

Des hôpitaux pris dans les combats

Des chars israéliens encerclent l'hôpital Al Chifa, le plus grand de la ville de Gaza, cible prioritaire de leur offensive contre le Hamas car il abriterait dans ses sous-sols, selon Israël, le principal centre de commandement du groupe islamiste, prenant au piège des combats les patients et soignants qui s'y trouvent encore.

Selon le porte-parole du ministère de la Santé de Gaza sous contrôle du Hamas, Achraf al Qidra, qui se trouve à l'intérieur de l'établissement, 32 patients, dont trois nouveau-nés, sont morts au cours des trois derniers jours dans l'hôpital privé d'électricité et de ravitaillement. Quelque 650 patients se trouveraient toujours à l'intérieur, ainsi que 200 à 500 personnels médicaux et 1 500 déplacés, a déclaré mardi l'OCHA.

Pratiquement tous les hôpitaux du nord de la bande de Gaza étaient "signalés" hors service lundi en raison du manque d'électricité, des bombardements ou des affrontements à proximité, a encore précisé l'OCHA. Seul l'hôpital Al Ahli dans la ville de Gaza était encore capable de recevoir des patients, selon l'agence onusienne.

Pourquoi les livraisons d'aides sont insuffisantes

L'aide est acheminée par le point de passage de Rafah, situé dans le sud de l'enclave, à la frontière avec l'Egypte, le seul qui soit ouvert, mais seulement une fraction de l'aide fournie avant le conflit parvient encore dans le territoire. Depuis que des livraisons d'aide limitées ont repris le 21 octobre, un millier de camions sont entrés dans Gaza, transportant de la nourriture, de l'eau et des fournitures médicales.

Les habitants de Gaza sont confrontés à de graves pénuries d'eau et de nourriture. Depuis le 7 novembre, aucune boulangerie n'est en activité en raison du manque de carburant, d'eau et de farine, et en raison de dommages structurels, selon l'OCHA. Philippe Lazzarini, commissaire général de l'UNRWA, a estimé qu'environ 39% des besoins alimentaires étaient actuellement satisfaits.

Deux compagnies de distribution de l'eau dans le sud de la bande de Gaza ont cessé d'opérer le 13 novembre en raison des pénuries de carburant, laissant 200 000 habitants sans accès à l'eau potable, selon l'UNRWA. Le dépôt de carburant de l'agence de secours aux réfugiés palestiniens dans la bande de Gaza est en train de se tarir et l'UNRWA a prévenu lundi qu'elle ne serait bientôt plus en mesure de ravitailler les hôpitaux, évacuer les eaux usées et fournir de l'eau potable. La livraison de carburant est interdite par Israël qui accuse le Hamas de le détourner à des fins militaires.

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Les commentaires (2)
Mézac Il y a 5 mois Le 14/11/2023 à 18:26

C'est le but recherché : terroriser les Gazaouis pour

Palourde Il y a 5 mois Le 14/11/2023 à 16:39

Il n'a pas besoin de le dire, on sait depuis longtemps le but de cette énième guerre .