Réforme des retraites : "Je regrette le recours au 49.3", affirme le député macroniste Stéphane Mazars

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  • Stéphane Mazars : « Je déçu que l’on ne soit pas allé au vote jeudi ».
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Publié le , mis à jour
Xavier Buisson

Réélu en juin 2022 en tant que député de la 1re circonscription de l'Aveyron, Stéphane Mazars, membre de Renaissance (anciennement la République en marche), affirme "assumer" la réforme des retraites portée par la majorité présidentielle. Même s'il la juge "dure" et "impopulaire". Entretien.

Les mobilisations spontanées ont été nombreuses ce jeudi à travers le pays après que le gouvernement a activé l'article 49.3 dans l'après-midi, ce qui a été assimilé comme un passage en force par les opposants au projet de réforme des retraites. Qu'avez-vous à leur dire ? 

Moi, ce que je leur dis, c'est qu'on a jusqu'alors des manifestations qui sont importantes en nombre de participants, qui se passent bien, et qui doivent être entendues. Elles l'ont été sur un certain nombre de sujets puisque le texte final qui a été proposé à la commission mixte paritaire s'est enrichi de ce que l'on a pu entendre et de ce qui a été discuté à l'assemblée - très partiellement - et au Sénat (emploi senior, système des carrières longues, majoration pour les femmes ayant eu des enfants). Moi, depuis le début je le dis, je soutiens la réforme des retraites, je pense que c'est nécessaire, c'est avoir le sens des responsabilités de faire face à la sérénité du financement de notre système de retraite par répartition. Je l'assume et je l'ai porté dans le cadre de ma campagne notamment des législatives j'ai toujours été à visage découvert sur ce sujet. J'ai toujours dit pendant la campagne qu'il fallait réformer le régime des retraites, on parlait même à l'époque de 65 ans, je n'ai pas de difficulté sur le fond. Même si comme beaucoup je suis très attentif à ce que ce soit une réforme qui demande des efforts à nos concitoyens et que cet effort soit réparti le plus équitablement possible : ceux qui ont commencé tôt, les femmes, ceux qui ont eu des travaux pénibles.

Il aurait manqué au gouvernement les voix de deux ou trois députés, selon des comptages internes, pour passer à un vote sur ce projet. Que pensez-vous du fait que le gouvernement ait utilisé l'article 49.3 ?

Je ne vous cache pas que je suis déçu que l'on ne soit pas allé au vote jeudi, je regrette vraiment. Le gouvernement a fait le choix d'user de l'article 49.3, moi, en tant que député de la majorité, je fais partie de ceux qui voulaient aller au vote, comme la quasi-totalité du groupe Renaissance, et que chaque député assume ses responsabilités. Il y a des éléments qui ont été pris en compte par l'exécutif, et notamment celui qu'il y avait un risque de perdre, je pense qu'il fallait peut-être prendre le risque de perdre. Le problème c'est qu'il y en a qui se sont planqués, c'était aussi le moyen de laisser le gouvernement assumer ses responsabilités en déposant un 49.3. Peut-être que face à la responsabilité qui aurait été la leur de voter oui ou de voter non, ils auraient eu un autre comportement. Le gouvernement a pris ses responsabilités, il engage même sa responsabilité.

Deux motions de censure ont été déposées. Y en a-t-il une selon vous qui a des chances d'aboutir ?

Je ne sais pas, en tout cas c'est toujours pareil : chaque député, maintenant, est face à ses responsabilités. On verra ce qui va se passer lundi. Le RN devait en déposer une, le groupe LIOT va en déposer une, qui sera soutenue par la France insoumise. Le gouvernement et la majorité sont convaincus que c'est une réforme nécessaire, que c'est l'intérêt du pays. C'est une réforme qui n'est pas facile à porter, qui est impopulaire par définition mais elle est nécessaire. Encore une fois, l'usage du 49.3 dans ce contexte d'un mouvement social important, je n'y étais pas favorable.

Il s'agit du 11e recours à l'article 49.3 en moins d'un an... 

Le grand public ne le sait pas trop mais depuis qu'on a été élu en juin, toutes les lois ont été passées sans l'usage du 49.3 dans le cadre de compromis qui ont été trouvés à chaque fois sur les textes, comme celui sur la sécurité intérieure, les énergies renouvelables... on a réussi à trouver des compromis. Le 419.3 on l'a utilisé sur les lois de finances et il y en a beaucoup puisqu'une fois on vote les dépenses, une fois les recettes, il y a les allers-retours, les premières lectures, deuxièmes lectures. On a un nombre important de 49.3 mais c'est vraiment que sur deux lois : la loi de finance de la sécurité sociale et le budget de la France. Et là ce n’est pas finalement anormal qu'on ait le 49.3 car comme il y a une majorité relative et que les lois de finance ce sont les lois par lesquelles on se positionne dans l'opposition ou dans la majorité, c'est normal qu'on ne trouve pas de majorité absolue. 

Ce qui est terrible, c'est que le compromis qui devait être trouvé, notamment avec les Républicains, on n'a pas pu le trouver, et c'est là qu'on voit les dérives de certains partis politiques. Alors que les Républicains ont toujours défendu l'idée de travailler plus pour sauvegarder notre système de retraite, qu'ils l'ont porté pendant leur campagne, notamment celle de Pécresse, qui avait dans son programme la retraite à 65 ans. Pour des considérations politiciennes, personnelles, ils n'ont pas voulu s'accorder avec la majorité. Pour un parti politique de gouvernement, c'est une défaillance énorme.

Une décision peut-être parfois guidée par l'accueil qu'ils auraient reçu de leurs électeurs dans leurs circonscriptions respectives ?

On est élu pour assumer des choix, conduire la destinée de la France. quand on est un parti de gouvernement, on doit assumer des responsabilités. Si on a estimé que porter un projet de réforme avec Pécresse à 65 ans c'était être en responsabilité, pourquoi ils le sont il y a 6 mois, pourquoi ils le sont plus six mois après.

Ces jeudi et vendredi, des rassemblements ont eu lieu devant votre permanence à Rodez à l'appel de l'intersyndicale. Qu'avez-vous à dire aux personnes qui sont mobilisées ? 

Chacun est dans son rôle, moi je ne leur ai jamais fermé la porte, je défends cette réforme, pas juste parce que je suis de la majorité... J'ai toujours été à visage découvert. Je pense qu'il faut la faire. Elle est dure, mais il faut la faire, le plus équitablement possible. Ce que je leur dis, c'est que je suis d'accord sur le fond, mais je voulais aller au vote. Jusqu'à maintenant, ils ont accompagné un mouvement social en responsabilité, les manifestations se sont globalement bien passées.  

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Les commentaires (3)
Anonyme11542 Il y a 1 année Le 18/03/2023 à 07:40

Facile d'aller dans le sens du vent Monsieur le Député ! Pensez à vos électeurs qui vous ont fait confiance. Soyez droit et aller au bout de vos convictions ! Perso, cela ne me fait vraiment pas plaisir d'aller aussi loin, mais c'est indispensable pour la société. Macron a malheureusement raison dû à l'inactivité de ses prédécesseurs sinon on court à la catastrophe. Par contre tout le monde à égalité public & privé et STOP DIRECT les régimes spéciaux on n'attend pas, les avantages de chacun mères 3 enfants..., SAUF pour les carrières longues et les métiers vraiment difficiles qui rendent réellement service au Peuple.

alaina Il y a 1 année Le 17/03/2023 à 19:55

quand on est élu on dit représenter le concitoyens

Palourde Il y a 1 année Le 17/03/2023 à 19:37

Ha ha ,finalement ils sont élu pour rien .ils ont aucun amour propre ,ils leurs impossible de penser autre chose que se que leur dicte leur partis Pauvre France