Coupe de France. Rodez - Monaco : le défenseur Serge-Philippe Raux-Yao, entre descentes et ascensions

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  • À 24 ans, Raux-Yao fait la fierté de ses proches, qui voient en son expérience ruthénoise un véritable déclencheur pour sa carrière.
    À 24 ans, Raux-Yao fait la fierté de ses proches, qui voient en son expérience ruthénoise un véritable déclencheur pour sa carrière. Centre Presse Aveyron - Jean-Louis Bories
Publié le
Mathis Fessard

Le défenseur ruthénois Serge-Philippe Raux-Yao devrait sans nul doute être titulaire face à l’AS Monaco (Ligue 1), samedi 20 janvier à 17 h 30 au stade Paul-Lignon, dans le cadre des 16es de finale de Coupe de France. L’occasion pour ses proches de dresser le portrait de celui qui a un passé plutôt douloureux avec le club du Rocher.

"Honnêtement, si on m’avait dit qu’il jouerait maintenant en défense centrale, je n’y aurais pas cru." Pour le premier entraîneur de Serge-Philippe Raux-Yao, lorsqu’il était U10, à Cergy-Pontoise, Moustapha Diarra, la trajectoire du Ruthénois est une surprise. Pas tant sur le fait qu’il soit devenu pro, ça, il en avait décelé le potentiel, mais davantage sur son positionnement devant le but. Le sien. Et ce, car il avait, dans une première vie, plutôt l’habitude de côtoyer la surface de réparation adverse.

Le coach francilien, que d’aucuns appellent "Boubou", se souvient : "Il pouvait jouer à droite, à gauche, devant… Il était très adroit techniquement et très intelligent dans l’utilisation du ballon. Quand on travaillait les corners à deux, il mettait souvent le même but. Il enroulait dans la lucarne avec le pied gauche. Avec lui, quand on avait un corner, on savait que c’était pratiquement but ! Quand il frappait, ça finissait à 90 % en tir cadré. Il était au-dessus du lot."

"C’est vraiment à Rodez qu’il a pu devenir un taulier"

Plus jeune de deux ans, son frère Charles-André, aujourd’hui joueur au Racing club de France, a suivi l’évolution de son aîné depuis la catégorie d’âge inférieure de Cergy. "Il est passé de numéro 9 à milieu de terrain en U15, puis défenseur central en deuxième année U17. Par rapport à sa taille (1,97 m), il n’a fait que descendre sur le terrain", détaille le cadet de la fratrie.

Quel ne fut alors pas l’étonnement de l’éducateur Moustapha Diarra lorsqu’il a vu débarqué le tout jeune Serge-Philippe, 16 ans, à l’entraînement avec le groupe senior cergy-pontain (Régional 2), dont il faisait partie en tant que joueur, dans un tout autre rôle que celui pour lequel il l’avait formé des années durant : "Il était titulaire indiscutable en U19 et s’entraînait avec nous. On ne voyait pas la différence. Mais de le voir derrière, c’était une surprise !"

Et pourtant, sa carrière a donné raison à son recul sur le pré. Huit ans plus tard, le voici titulaire indiscutable dans le trident défensif ruthénois en Ligue 2, et très certainement samedi en Coupe de France face à Monaco, avec des offres venues notamment d’Angleterre et d’Autriche. Une ascension fulgurante. "C’est vraiment à Rodez qu’il a pu montrer toutes ses qualités, commencer à performer et devenir un taulier", précise le frère de celui qui a débarqué sur le Piton à l’hiver 2022.

"Si tu es un minimum bosseur, tu arrives tout en haut. Il n’est pas parti tout de suite en Ligue 1, mais aujourd’hui, il est titulaire en Ligue 2. Je préfère qu’il fasse cinq ou six ans en L2, puis qu’il finisse en L1, plutôt qu’il y aille direct et qu’il soit sur le banc ", clame "Boubou", lui qui est en attente d’un maillot sang et or de son poulain, qu’il présente comme étant " timide et humble " lorsqu’il était entre ses mains, pour compléter sa collection de tuniques professionnelles portées par ses anciens gamins de Cergy.

Un passage dans une filiale de Monaco loin de ses attentes

Pour autant, le parcours idéal vanté par son premier éducateur n’a pas été des plus évidents. Arrivé sur le tard au centre de formation d’Auxerre, à l’âge de 19 ans, celui qui a "toujours dit aux professeurs qu’il voulait devenir joueur professionnel plus tard", d’après son ami d’enfance, Ousmane Coulibaly, avec qui il a grandi et étudié au sein de leur quartier de Marcouville natal, a été stoppé dans son élan à son départ de l’Yonne en 2020.

Serge-Philippe Raux-Yao avec son frère, Charles-André (à gauche), et leur mère.
Serge-Philippe Raux-Yao avec son frère, Charles-André (à gauche), et leur mère. Repro CP

Le franchissement de la frontière, direction Bruges, n’a pas été payant, puisqu’il n’a pris part qu’à trois rencontres en 18 mois. "Ça a été difficile pour lui, en sachant qu’il était seul en Belgique. Quand tu t’entraînes, mais que tu sais que tu ne vas pas jouer le week-end…", raconte Charles-André, qui essayait alors de faire un maximum de déplacements au plat pays, pour le soutenir.

Et la situation était d’autant plus délicate à vivre que sa mise au placard, ressemblant à une descente aux enfers, n’était pas de son fait. Elle avait en réalité un lien avec Monaco, son adversaire du week-end, alors propriétaire de Bruges. Après un imbroglio contractuel entre les parties prenantes, le joueur franco-ivoirien avait été "bloqué" par un accord entre l’ASM et sa filiale belge, selon nos informations glanées en 2022.

Avant, donc, de filer à Rodez il y a tout juste deux ans, loin d’avoir abdiqué. "Il ne s’est jamais découragé", d’après son frère. "Il a pris son mal en patience, car il connaissait ses qualités", ajoute son ami de toujours. Nous les connaissons désormais également en Aveyron. Et elles font un bien fou au Raf du coach Didier Santini !

Chez les Raux-Yao, objectif 8es de finale en famille

Ce week-end des 20 et 21 janvier, Serge-Philippe ne sera pas le seul Raux-Yao en lice en Coupe de France. Ce sera aussi le cas de son frère, Charles-André, avec le Racing club de France (N2), face à Lille (L1), dimanche, à 17 h 30.

Deux duels difficiles, donc, pour la fratrie, qui n’empêchent toutefois pas le cadet de rêver de retrouver son aîné en 8es de finale: "J’aurais même aimé le jouer en 16es déjà, mais si on gagne ce week-end et qu’on se retrouve en 8es, ce serait fantastique. Ce serait énorme fierté !"

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