Aveyron : de l'Espagne vers l'Europe de l'Est et du Nord par l'autoroute A75, un même mode opératoire dans le transport du cannabis ?

  • Les Polonais dominent le "casting" des convoyeurs de drogue sur l'A75
    Les Polonais dominent le "casting" des convoyeurs de drogue sur l'A75 Centre Presse Aveyron - José A. Torres
Publié le , mis à jour

Les saisies de cannabis sont nombreuses sur l'A75.

Comme une "histoire sans fin". Un temps interrompu, notamment par les confinements liés au Covid-19, la dernière affaire du transporteur polonais de meubles convoyant du cannabis condamné à deux ans de prison en ce mois de janvier 2024, semble sonner le retour de ce mode de transport de drogues à destination de ce pays, ou d'autres pays de l'Est ou du nord de l'Europe, notamment du Danemark, via l'autoroute A75. Souvent, pour leur défense, tous expliquent "ne pas savoir ou ne pas avoir assez vérifié la marchandise qu'ils transportaient".

Au moins une dizaine d'affaires et 1,3 tonne de cannabis en 5 ans

Retour sur les affaires, il s'agit d'une liste non exhaustive, qui ont marqué les cinq dernières années pour la douane et les policiers aveyronnais.

Citons aussi le cas de ce Polonais de 40 ans, contrôlé le 11 avril 2022 en pleine nuit "alors qu'il circulait sur une route départementale parallèle à l'A9" (donc pas sur l'A75), avec dans son utilitaire, 195 kg de résine de cannabis cachés dans deux générateurs, "une surprise totale" selon lui. Il a été condamné par le tribunal de Rodez à 3 ans de prison ferme, peine doublée d'une amende de 100 000 €.

En 2023, rappelle Midi Libre, une tonne de cannabis a été découverte par les douaniers de Millau, avec un "casting" de convoyeurs cette fois "internationalisé".  

Le droit de réponse de l'Association des transporteurs polonais

Initialement titré "Aveyron : autoroute A75, conducteur polonais et cannabis, le cocktail gagnant d'une série sans fin ?", cet article a suscité la réaction de l'Association des transporteurs polonais, qui a souhaité réagir par la voix de son président, François-Nicolas Wojcikiewicz. Voici son propos.

"L'Association des transporteurs polonais fait savoir qu'elle a été peinée du rapprochement fait ouvertement entre camions polonais et transport de cannabis par l'article du 26 janvier 2024 publié par Centre Presse Aveyron. Le transport routier polonais ne peut faire l'objet d'un ciblage où la nationalité rapportée des immatriculations ou des chauffeurs routiers ne serait que la seule nationalité polonaise.

En effet, il appartient de rapporter de façon équitable et à l'appui de statistiques vérifiées l'ensemble des nationalités tant française, européennes qu'extra-européennes qui font l'objet de saisies de stupéfiants au sein de leurs ensembles routiers, tout comme il est objectivement indiqué dans d'autres articles de presse qu'il s'agit de "véhicules provenant de différents pays européens".

Il convient également de rappeler que ce sont au moins 100 tonnes (et jusqu'à 150 tonnes) de stupéfiants qui sont saisis annuellement en France, en conséquence de quoi faire endosser au transport routier polonais "une dizaine d'affaires et 1,3 tonne de cannabis en 5 ans", ce qui représente une moyenne de 2 affaires par an en Aveyron, s'avère déconnecté de toutes proportions et réalités ; a fortiori lorsqu'il n'est pas précisé s'il s'est agi de condamnations sur un fondement pénal ou sur le simple fondement douanier de présomption de responsabilité du détenteur de marchandises.

L'Association des transporteurs polonais n'accepte pas que l'image de toute une branche soit ternie dans l'opinion publique française par des cas rares et isolés, car le secteur du transport polonais est le leader du transport en Europe, représentant environ un quart du marché européen du transport routier de marchandises, très souvent en sous-traitance des entreprises françaises de transport routier qui ne se rendent plus que très peu à l'étranger."