Pisa 2023 : brevet obligatoire pour entrer au lycée, redoublement, groupes de niveaux, le plan d'attaque de Gabriel Attal

  • Le ministre de l'Education nationale a dévoilé les grandes lignes de son plan d'attaque.
    Le ministre de l'Education nationale a dévoilé les grandes lignes de son plan d'attaque. Illustration - Pixabay
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Richard Gougis

Le ministre de l’Education a annoncé ce mardi 5 décembre des mesures ambitieuses pour élever le niveau des élèves. Il prévoit des programmes repensés et des groupes de niveau au collège dès la rentrée 2024.

Il avait promis le 5 octobre un "choc des savoirs", un grand plan pour rehausser le niveau général des élèves. Après les conclusions d’une mission "exigence des savoirs", Gabriel Attal, le ministre de l'Education nationale, a dévoilé, ce mardi 5 décembre 2023 à Paris, ce qui s’apparente déjà à un "choc des pratiques et des habitudes".

"Un choc des pratiques et des habitudes"

Sur la forme, la batterie de mesures annoncées ressemble à s’y méprendre à une refonte en profondeur des programmes et des méthodes qu’une bonne partie de la communauté éducative appelait de ses vœux depuis plusieurs années. Sur le fond, certaines décisions suscitent déjà le débat.

"Il faut refuser le déni et la fracture scolaire, il y a un devoir de vérité concernant le niveau réel de nos élèves, c’est une urgence nationale, a martelé le ministre de l’Éducation. Il faut dix ans pour changer un système éducatif. Nous agissons depuis 2017 mais nous sommes au milieu du gué. Il faut un électrochoc pour remettre les savoirs essentiels au cœur de l’école".

1. Des fondamentaux en primaire dès la rentrée 2024

Une primaire des fondamentaux est annoncée dès la rentrée prochaine avec de nouveaux programmes, plus clairs et exigeants, de la maternelle au CE2 dès la rentrée 2024. Le CM1 et le CM2 suivront en 2025.

2. "En finir avec le collège uniforme"

L’effort le plus important concernera le collège avec des programmes revus pour les rentrées 2025 (6e) et 2026 (5e, 4e, 3e) en mettant l’accent sur les langues, les mathématiques et la culture générale. "Il faut en finir avec le collège uniforme", clame le ministre qui a confirmé la création de groupes de niveau pour la 6e et la 5e dès 2024 et en 4e et 3e à la rentrée 2025.

Les élèves seront regroupés par niveau uniquement en maths et français, afin de progresser selon leurs besoins et ventilés en trois groupes, limité à 15 élèves pour celui des collégiens en plus grande difficulté. Certains d’entre eux pourront par ailleurs bénéficier d’une scolarité aménagée.

"Le volume horaire de ces disciplines pourra être sensiblement augmenté, avec une réduction temporaire des cours dans d’autres disciplines", dès 2024 en 6e et 5e, a précisé Gabriel Attal. Il a également promis "d’accompagner les enseignants dans l’acquisition de ces pédagogies différenciéesé".

3. "Redoublement : le dernier mot aux profs"

Le ministre annonce parallèlement un recours plus important au redoublement, devenu exceptionnel depuis dix ans. Il précise que ce sera désormais "l’équipe pédagogique et non plus les familles" qui aura le dernier mot.

Il veut aussi durcir la notation au brevet des collèges (60 % de la note via l’examen final) et conditionner le passage au lycée à son obtention. "Les élèves en difficulté et qui n’obtiendront pas leur brevet ne feront pas leur entrée en seconde l’année suivante, mais rejoindront une classe “prépa-lycée” pour consolider leur niveau", précise-t-il.

4. Renforcement des matchs et sciences au lycée

Concernant le lycée, un effort particulier sera porté sur l’apprentissage des maths et des sciences avec la création d’une épreuve anticipée du bac dès la fin de la 1re pour ces deux matières. Par ailleurs, dès 2024, Gabriel Attal annonce que sera utilisée en maths "la méthode dite de Singapour, qui se base sur le concret puis l’imagé et enfin l’abstrait".

5. Des manuels labellisés pour les enseignants

À propos des supports pédagogiques, alors que les professeurs étaient actuellement libres de choisir les manuels de leur choix, ceux-ci devront désormais être labellisés pour être utilisés.

6. Le recours à l'intelligence artificielle

Autre nouveauté de taille, tous les élèves de seconde pourront bénéficier dès la rentrée 2024 d’un logiciel basé sur l’intelligence artificielle pour les aider en français et en mathématiques. Ce logiciel, MIA Seconde, conçu par des enseignants, donnera accès à 20 000 exercices et s’adaptera au niveau de chaque élève. Il sera mis en place dès février 2024 et généralisé à toutes les secondes à la rentrée.

Interrogé sur le coût de ces réformes, notamment en nouveaux professeurs, le ministre n’a pas donné de chiffre de financement mais promis l’embauche « de milliers d’enseignants supplémentaires sur le quinquennat ». Il annoncera fin décembre un nouveau schéma d’emplois. « Je sais que ces réformes susciteront des questions, a-t-il conclu, mais je tiendrai ces engagements. L’école est une urgence qu’il faut régler sans délai pour qu’elle redevienne source de fierté et de réussite. »

"Idée libérale de l’école sur fond de tri social"

Réactions. Les annonces de Gabriel Attal sont accueillies de façon contrastée de la part des associations de parents d’élèves et syndicats d’enseignants. "Le dernier mot aux professeurs pour le redoublement officialise la mise à l’écart des parents d’élèves", déplore ainsi Jacky Bowen (FCPE de l’Hérault). "Gabriel Attal parle de déni concernant le niveau des élèves mais il y en a un autre sur les effectifs d’enseignants et les 15 millions d’heures non assurées chaque année en raison des absences", tacle le parent d’élève alors que la loi de finances 2024 prévoit 2 000 à 3 000 suppressions de postes d’enseignants.

Stéphane Audebeau, co-secrétaire académique du Snes-FSU, est contre les groupes de niveau "très inefficaces selon de nombreuses études et sources de démotivation et de la stigmatisation chez les plus faibles". Nicolas Ribo, secrétaire académique de la CGT Educ’Action, redoute, lui, "une idée libérale de l’école sur fond de tri social » et dénonce « une régression de la liberté pédagogique".


Gabriel Attal veut mettre l’accent sur les mathématiques. maxppp

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Les commentaires (2)
Milsabords Il y a 4 mois Le 06/12/2023 à 14:52

Quand on laisse les lacunes s'accumuler depuis les plus petites classes et qu'au lieu d'aider l'élève à les combler on le laisse, sans états d'âme, à chaque fois changer de classe et ainsi creuser le fossé avec ses camarades il ne faut pas s'étonner de voir arriver au bac des élèves avec des niveaux aussi hétérogènes. Si j'ai bien compris le discours syndical, celui qui se paye toute sa scolarité des notes minables dans quelques matières est moins "stigmatisé"que s'il avait rattrapé son retard grâce à un redoublement ? Curieuse conception de l'éducation et de la "réussite", qui explique assez bien nos résultats dans les classements internationaux ...

RienCompris Il y a 4 mois Le 06/12/2023 à 09:08

En matière de niveau scolaire nous sommes à la remorque de tous autre pays européens. C'est normal on donne le bac à tout le monde.