Séisme au Maroc : "Une scène apocalyptique", témoigne une Aveyronnaise sur la place Jemaa-El-Fna vendredi soir

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  • Morgane De Brito, 31 ans, se trouvait au restaurant sur la place Jemaa-El-Fna lors du séisme. Morgane De Brito, 31 ans, se trouvait au restaurant sur la place Jemaa-El-Fna lors du séisme.
    Morgane De Brito, 31 ans, se trouvait au restaurant sur la place Jemaa-El-Fna lors du séisme. DR - DR
Publié le , mis à jour

Morgane De Brito, originaire de Flavin, se trouvait à Marrakech vendredi soir lorsqu’un séisme a secoué la ville marocaine et fait plus de 2 000 morts selon les derniers chiffres. Elle témoigne. 

À Marrakech, la place Jemaa-El-Fna est un passage obligé pour tous les touristes. Comme une boussole avant d’arpenter les étroites ruelles de la médina, centre ancien de la ville. Morgane De Brito connaît bien ce lieu et le Maroc en général. L’Aveyronnaise de 31 ans s’y est même mariée il y a quelques années. Et pour son quatrième voyage au Maghreb, impossible de ne pas profiter de l’ambiance bouillonnante de la célèbre place. Pour elle, c’était vendredi.

Après une journée shopping, elle se laisse tenter par un restaurant offrant un toit terrasse. Elle s'y installe avec un ami. Il est un peu plus de 21 heures. L'ambiance est à la fête, des musiciens traditionnels font grimper la température et le son, autour des tables. Il fait nuit et c'est noir de monde.

"J'étais tétanisée"

Ce sera bientôt le choc. 23h11 : les verres tremblent sur la table, le sol aussi. La région vient d'être frappée par un séisme de magnitude 7. Au restaurant, c'est la panique. Des cris, des gens qui se lèvent, qui se bousculent, qui fuient en courant... et une épaisse fumée se dessine au-dessus de la place. "Moi, j'étais tétanisée sur ma chaise, les jambes coupées. Je n'arrivais pas à bouger", témoigne Morgane, via Whatsapp. Elle mettra de longues minutes à réaliser qu'il s'agit d'un séisme. "Au départ, j'ai ressenti une première secousse, je pensais que c'était les musiciens... Ils faisaient énormément de bruit. Puis, quand la plus grosse secousse a vraiment frappé, j'ai cru que j'étais dans un bateau. Le bâtiment tanguait. Tout le monde me criait de partir mais j'en étais incapable, c'était une scène apocalyptique avec tous ces gens qui se bousculaient et criaient. On ne savait pas si c'était un attentat ou autres choses. Mais assez rapidement, on a compris qu'il s'agissait d'un séisme", raconte-t-elle, la voix encore tremblante. 

"Le chaos"

Morgane se souvient alors être l'une des dernières à quitter le restaurant, après s'être longtemps agrippée au bras d'un serveur. Sur la place Jemaa-El-Fna, c'est le chaos. De nombreux édifices sont touchés, dont la mosquée Kharbouch. Plusieurs personnes sont blessées, on cherche coûte que coûte ses proches. L'Aveyronnaise fuit cette foule incontrôlable et tente de rejoindre les grandes artères de la ville. Au milieu des voitures, de nombreux Marocains y ont trouvé refuge, loin de bâtiments prêts à s'effondrer. "Là, je me suis dit que c'était grave", se remémore-t-elle. Elle ne retrouvera sa location de vacances qu'à 4h30. Les informations s'affolent : on évoque des centaines de morts. Ce dimanche soir, ils étaient plus de 2000 selon les derniers décomptes des autorités marocaines... "Je me dis que je suis vraiment passée proche de la mort. J'ai eu de la chance mais je n'arrête pas de penser à tous ces gens qui ont perdu la vie, qui sont à la recherche de proches... C'est vraiment le chaos", confie Morgane. Elle ne trouvera pas le sommeil. Et s'effondrera en larmes, ne cache-t-elle pas. "Je voulais vraiment quitter Marrakech, j'avais trop peur de répliques".

Place Jemaa al Fna à Marrakech la tour de la mosquée de Kharbouch s'est écroulée.
Place Jemaa al Fna à Marrakech la tour de la mosquée de Kharbouch s'est écroulée. MAXPPP - TIAGO PETINGA

Retour en France

Elle fait alors appel à sa belle-mère, installée à Casablanca, à un peu plus 2h30 de voiture au nord. Elle n'hésitera pas à venir la chercher. "Ici, chacun a repris sa vie comme si de rien n'était. Il y a du monde dans les bars, les restaurants, les boutiques, on ne sent pas une peur d'une nouvelle secousse." Après d'innombrables appels à ses proches pour les rassurer, Morgane a enfin retrouvé le sommeil. Et s'apprête à retrouver l'Hexagone, ce lundi. "J'ai vraiment de la chance", répète-t-elle. Au Cap d'Agde, où elle dirige désormais une enseigne de textiles, elle promet de se mobiliser désormais pour aider et récupérer des dons de première nécessité pour les Marocains des villages les plus touchés par la catastrophe. Comme elle l'avait fait il y a quelques mois pour la Turquie ou encore les déplacés ukrainiens. 

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