Attaque terroriste à Arras : chronologie des faits, déclarations de l'assaillant, complices, retour sur ce dramatique 13 octobre

  • Il y a quatre jours, le lycée Gambetta d'Arras était le théâtre d'une attaque terroriste ayant coûté la vie à un professeur.
    Il y a quatre jours, le lycée Gambetta d'Arras était le théâtre d'une attaque terroriste ayant coûté la vie à un professeur. Illustration Centre Presse Aveyron - José A. Torres
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Quatre jours après l'attaque terroriste à Arras qui a coûté la vie à un enseignant et blessé trois autres personnes, le procureur de la République antiterroriste a pris la parole, mardi 17 octobre 2023.

Voilà quatre jours maintenant qu'une attaque terroriste a touché le lycée Gambetta d'Arras, tuant un professeur et blessant trois autres personnes. Ce mardi 17 octobre 2023, Jean-François Ricard, procureur de la République antiterroriste, a pris la parole. Et a notamment dévoilé la chronologie des faits

Le chemin jusqu'au lycée

100 témoins entendus, 13 placements en garde à vue : depuis la terrible matinée du vendredi 13 octobre à Arras, l'enquête a avancé. Et le magistrat s'est dit "en mesure d'apporter les éléments suivants", concernant notamment Mohammed Mogouchkov, jeune Russe de 20 ans à l'origine de l'attaque. Il raconte que l'auteur présumé "fait l'achat d'un téléphone dans une grande surface à 8 heures 53", avant de prendre le bus à 9 heures 07. À 10 heures 37, il "traversait le parvis devant la gare et se filmait face au Monument aux Morts", avant d'être capté par une première caméra à 10 heures 44, alors qu'il prend la direction du lycée Gambetta.

"Il frappait violemment Dominique Bernard"

"À 11 heures, quatre professeurs dont Dominique Bernard sortaient du lycée", ajoute Jean-François Ricard. C'est à ce moment-là que Mohammed Mogouchkov sévit. "Muni de deux couteaux, il frappait violemment Dominique Bernard au niveau du cou et de l’épaule. Un autre professeur tentait de s’interposer et recevait des coups de couteau au visage."

L'intervention d'un assistant d'éducation permettait au professeur de "se relever puis de rentrer dans l'établissement dans lequel Mohammed M. pénétrait à son tour". Alors que l'assaillant tente de l'agresser de nouveau, "son attention a été détournée par l'intervention d'un agent d'entretien muni d'une chaise". Lorsque celui-ci tombe au sol, "l'agresseur tentait de le poignarder à plusieurs reprises. Pour défendre son collègue, un agent technique se précipitait alors en direction de Mohammed M., qui les frappait à plusieurs reprises à l'aide d'un des deux couteaux". 

"Appelle Marianne, appelle ta République"

Le procureur de la République antiterroriste révèle d'ailleurs que "l’agresseur s’était dirigé jusqu’au bureau du proviseur et en était immédiatement reparti, ne l’ayant pas retrouvé sur place". Selon des témoins, "il demandait aux personnes présentes si elles étaient le proviseur ou un professeur d’histoire. C’est aussi à ce moment-là que l’agresseur a interpellé une personne qui tentait d’appeler les secours en lui disant : 'appelle marianne, appelle ta République'. De tels propos peuvent faire écho aux incidents qui avaient émaillé la scolarité de son frère ainé dans ce même établissement et qui témoignaient de la radicalisation de celui-ci".

Alors qu'il tentait, en vain, de quitter l'établissement, l'assaillant "rebroussait chemin dans la cour où il était interpellé quelques instants plus tard grâce à l’intervention des services de police". Le bilan a été de nouveau précisé, ce mardi 17 octobre. Il fait donc état d'une personne décédée et de trois autres blessées. "Le pronostic vital des trois victimes blessées n’est plus engagé à ce jour", confirme Jean-François Ricard.

Il a prêté allégeance à l'Etat islamique

Les motivations et objectifs de l'agresseur ont été précisés. Jean-François Ricard est revenu sur la vidéo, de 30 secondes, tournée devant le Monument aux Morts, 20 minutes avant le passage à l'acte de Mohammed M. "Il s’est attaqué de manière répétée aux valeurs des Français selon ses propres termes. Il tenait des propos particulièrement menaçants dans cette même vidéo. Toutes ces paroles faisaient directement écho à la longue déclaration d’allégeance à l’Etat islamique, découverte dans le téléphone de l’agresseur".

Celle-ci est effectuée dans un enregistrement audio, dans lequel il a "prêté serment à l’émir de l’Etat islamique, développé sa haine de la France, des Français, de la démocratie et de l’enseignement dont il avait bénéficié dans notre pays".

Toujours dans le cadre de cet enregistrement audio, effectué "en arabe et émaillé de références religieuses", le jeune Russe de 20 ans "mentionnait son soutien aux musulmans en Irak, en Asie, en Palestine, mais sans relier son acte directement aux événements récemment réalisés en Israël. Il soutenait pleinement l’Etat islamique, exprimait son mépris pour les autres organisations terroristes djihadistes, notamment al Qaida".

Quid de ses soutiens ?

Le procureur a enfin détaillé l'aide qui a été fournie à Mohammed M. pour passer à l'acte. "10 des gardes à vue prises dans le cercle familial proche de l’agresseur, dans ses relations ou dans celles de son frère détenu ont été levées au cours de l’enquête de flagrance", a-t-il chiffré. Jean-François Ricard évoque d'abord le rôle du petit frère mineur, âgé de 16 ans. "Il est apparu qu'il avait pu lui apporter un certain soutien dans son projet mortifère. Conscient de la radicalisation de Mohammed M., il lui aurait notamment délivré les conseils sur le maniement des couteaux".

Le magistrat met enfin en lumière "un jeune cousin de cette fratrie, ayant été informé d’un possible projet d’action criminelle. Il semblait informé du projet d’action criminelle de Mohammed M. et n’avait rien fait pour l’empêcher".

Ouverture d'une information judiciaire

Au moment de conclure son intervention, le procureur indique que le parquet antiterroriste "requiert l’ouverture d’une information judiciaire des chefs d’association de malfaiteurs terroristes en vue de préparer des crimes d’atteintes aux personnes, d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste, de tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, de complicité de ces deux derniers crimes et d’abstention volontaire de commettre un crime". 

Le trio a été présenté au magistrat instructeur. "Des placements en détention provisoire seront requis à l’encontre des deux frères. Dès à présent, les investigations se poursuivront dans le cadre de l’information judiciaire".

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