Tempête Monica. Inondations meurtrières : quatre morts dans le Gard, un dans l'Hérault, deux enfants toujours recherchés, l'heure des questions

Publié le , mis à jour
Émilie Bec avec Jennifer Franco

Ce week-end des 9 et 10 mars 2024 a été marqué par les crues meurtrières dans le Gard, particulièrement endeuillé. 

Trois drames, quatre morts et deux disparus. Avec, à chaque fois, un franchissement de pont submersible qui a tourné à la tragédie dans le Gard à la suite de la tempête Monica. Le point sur les faits et ses conséquences pour l’avenir.

1. Dions et Goudargues, chronologie des faits

Le secrétaire général de la préfecture Frédéric Loiseau est revenu de manière particulièrement détaillée sur deux trois incidents. Ainsi, à Dions, "à 22 h 20, un appel est arrivé aux équipes du conseil départemental pour envoyer des équipes sur place face à ce pont submersible très bien identifié. D’après les informations dont nous disposons, à 22 h 30, la montée des eaux arrivait à hauteur du tablier. À 22 h 45, le pont commençait à être submergé".

Frédéric Loiseau indiquant ensuite qu’à 23 h, "les panneaux directionnels ont été posés par le conseil départemental pour indiquer que la chaussée était inondée, ce qui est conforme à la doctrine, explique le secrétaire général. Il y avait donc une interdiction de passer". C’est donc à 23 h 30, qu’a été enregistré au Codis l’appel de détresse des automobilistes.

Enfin, à "23 h 45, est installée la barrière fermant physiquement la chaussée de part et d’autre pour empêcher les véhicules de s’engager". Soit un quart d’heure après le passage du véhicule de la famille dont le père a été retrouvé mort ce lundi, tandis que les deux enfants sont encore portés disparus. Concernant Goudargues où deux femmes de 47 et 50 ans, occupantes d’un même véhicule sont décédées, "à 5 h 10, dans la nuit de samedi à dimanche, est enregistré l’appel au secours au Codis. Le contact est perdu avec les correspondants pendant l’appel, souligne Frédéric Loiseau. Il y a eu une mise en place de signalisation par le Conseil départemental du Gard environ une heure plus tard, vers 6 h".

Un délai que le secrétaire général justifie par « l’extrême mobilisation des services pour venir en protection de l’ensemble des vecteurs routiers potentiellement dangereux pour les usagers ».

2. La signalétique suffisante ?

À Dions, des panneaux d’information et de déviation ont d’abord été posés par le gestionnaire de la voirie, le Département, en bordure de chaussée. Puis les barrières ont été fermées, empêchant l’accès physique au pont. Le conseil départemental précise ainsi avoir agi "conformément à la procédure en vigueur. Ces différents éléments de signalisation complètent les panneaux présents en permanence sur la RD22 pour informer du caractère submersible du pont de Dions".

La communication du Département avance également que si une "alerte Vigicrue de niveau orange a été émise", elle l’était seulement pour la "Cèze amont. Aucune alerte particulière n’a été émise pour les autres cours d’eau par le service Vigicrue ; les différents cours d’eau sont restés en alerte jaune, notamment les Gardons".

3. Des alertes à revoir ?

Alors que le département compte 69 ponts submersibles, la préfecture du Gard annonce d’ores et déjà porter une réflexion pour les procédures à suivre, notamment face aux changements climatiques et ses conséquences. "Nous ne ferons pas l’économie d’une réflexion globale avec les responsables de réseaux, le Département, les communes, les maires et collectivités locales au titre de leur pouvoir de police administrative (préfecture, pompiers, police, gendarmerie) autour d’un protocole ou d’une doctrine de franchissement de ces équipements dans les occurrences jaunes", assure Frédéric Loiseau.

Conscient que ce type d’événement peut se reproduire. "Malheureusement, les faits ont montré de manière extrêmement cruelle et douloureuse, qu’on avait un véritable sujet par rapport à ces franchissements. Nous avons déjà initié cette réflexion avec un certain nombre d’acteurs, nous finirons ce travail".  Concernant les automobilistes, "il y a probablement eu des comportements individuels qui n’étaient pas totalement adaptés", avoue, d’un ton prudent, Frédéric Loiseau, ajoutant rapidement que "les faits d’enquête le détermineront et l’objectiveront". Un travail "d’acculturation de la population" doit se poursuivre. "Les schémas dans lesquels nous fonctionnions dans le passé ont tendance à éclater, concède Frédéric Loiseau. C’est vrai que tout peut se passer à n’importe quel moment désormais".

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